Contribution

G1 - La problématisation ne va pas de soi et nécessite un accompagnement à l’auto-évaluation qui tienne compte des entraves du formé
Bruno Goloubieff
Les Modèles de l’évaluation développés par Michel Vial sont hantés par un « entre deux » situé entre la logique de contrôle et la logique de l’accompagnement. Ce « reste » énigmatique qui génère l’auto-questionnement, nous faisons l’hypothèse que la notion d’altérité et la philosophie de la connaissance peuvent l’éclairer théoriquement.
Notre approche méthodologique est philosophique et historique. La notion d’altérité se présente sous trois formes : extérieure, intérieure et épistémologique. Ce qui « reste » lorsqu’on a épuisé tous les discours les plus traditionnels sur l’évaluation réduite au contrôle et à l’expertise, s’inscrit dans l’altérité épistémologique qui reflète les apories de la connaissance et le lieu d’un impossible savoir rationnel.

Existe-t-il une relation entre évaluer et problématiser ? Dans une société où la résolution de problème domine, beaucoup de situations issues des métiers de l’accompagnement ne répondent pas à cette seule logique. L’autonomisation passe aussi par un auto-questionnement de l’accompagné afin de prendre du recul sur le regard qu’il porte sur lui-même et sur les situations auxquelles il est confronté. Aussi, ce type de problème implique une autre façon de concevoir l’agir professionnel. Si certains problèmes peuvent être résolus, d’autres méritent d’être travaillés. L’évaluation-mesure et l’évaluation-gestion trouvent ici leurs limites, car il s’agit alors de cheminer, de produire une avancée sans certitudes sur ce qu’il adviendra. Le problème n’a pas à être résolu, mais il est à assumer par un travail de questionnement et d’auto-évaluation. Dans cette optique, former à la problématisation devient une nécessité. Or, problématiser semble ne pas aller de soi.

Cette préoccupation s’appuie sur une thèse en cours dont le terrain choisi est une formation universitaire de master professionnel. La recherche a tenté de comprendre ce qui empêchait les formés de problématiser dans une formation où la problématisation constituait une des visées majeures. Le formateur se heurte à de nombreuses difficultés auxquelles il n’est pas toujours en mesure de faire face. Parmi celles-ci, il existe un certain nombre d’entraves à la problématisation chez les formés que la recherche à mise au jour. Les résultats montrent qu’il n’est pas pertinent de penser la problémation d’un côté et la problématisation de l’autre. La problémation est pour certains formés un passage obligé pour problématiser car elle remplit une fonction de sélection. Elle n’a pas à être rejetée. Il ne suffit pas de la refuser pour problématiser. En ce sens, il existe une période de pré-problématisation qu’il est pédagogiquement nécessaire d’accompagner en formation.
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