Contribution

G0 - Conférence : L’évaluation dans les systèmes et les établissements scolaires : discussion autour de trois récits
Vincent Dupriez
C’est aujourd’hui une banalité que de relever dans le champ scolaire le recours accru à des opérations de mesure des performances et d’évaluation des écoles accompagnées de dispositifs variés de communication, de pression et parfois de sanctions envers les établissements et leurs personnels. Non seulement ces politiques existent mais les recherches à leur égard se multiplient également, tantôt dans le but d’en cerner les effets, tantôt dans la perspective d’en identifier les logique sous-jacentes et les évolutions parfois implicites de l’institution scolaire qu’elles révèlent.
Cette conférence débutera par l’identification de trois récits qui donnent une signification différente à de telles politiques. Le premier, le plus courant, est celui du New public Management. Il promeut l’extension vers le champ scolaire d’évolutions largement à l’œuvre dans d’autres secteurs traditionnellement gérés par les autorités publiques. Il suggère un gain d’autonomie pour les écoles, une plus grande liberté pédagogique notamment, en échange d’un contrôle accru de leurs performances. Le second est le moins présent. Adossé à des modèles participatifs de l’évaluation des organisations, il prétend faire de l’évaluation un moment d’apprentissage pour les travailleurs et les établissements scolaires. Intellectuellement stimulant, il n’est pas le plus souvent observé dans les politiques effectivement déployées au sein des systèmes éducatifs. Le dernier est le plus critique : il considère que ces nouvelles formes de mesure conjuguées à une visibilité accrue du travail enseignant révèlent une volonté accrue de contrôle conduisant à une société hyperbureaucratique.
Mais au-delà de ces récits, les recherches empiriques qui commencent à s’accumuler semblent indiquer que le pilotage par les résultats ne s’est pas réellement substitué à un pilotage par les règles et les procédures. Les nouveaux dispositifs d’évaluation semblent souvent s’additionner aux dispositifs antérieurs, tendant de la sorte à une multiplication des normes et des prescriptions, pas toujours pleinement convergentes. Si les établissements scolaires bénéficient bien d’une autonomie plus grande qu’auparavant, celle-ci est le plus souvent très encadrée et peut ressembler à un message sournois adressé aux chefs d’établissement, lesquels disposent de ressources et de marges de manœuvre souvent étroites au regard des nouvelles obligations d’imputabilité auxquelles ils doivent aujourd’hui répondre. Pour beaucoup d’enseignants, ces nouveaux dispositifs et en particulier le recours abusif à des indicateurs quantitatifs, souvent perçus comme simplistes, sont une forme de méconnaissance de la complexité de leur métier et un indice d’une confiance en train de se perdre.
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